dimanche 20 décembre 2009

La visite historique et la Conférence de Presse Ordinaire !


Si j'étais Saad Hariri, je n'aurais jamais accepté de faire cette énorme faveur au régime syrien sans échange.

Or, la conférence de presse, historique aussi de par l'endroit où elle s'est tenue, en l'occurrence l'Ambassade du Liban à Damas, était vide de toute substance... et c'est dommage.

Saad Hariri, même sans aucune faveur obtenue de Assad - ce qui semble d'ailleurs être le cas- aurait pu dire beaucoup plus et devait le faire.

Il aurait dû dire qu'il est venu certes représenter tout le Liban, donc ceux de 14, ceux de 8 et ceux qui ne sont ni 14 ni 8.

Or la visite représentait indéniablement la volonté et les souhaits de ceux de 8 Mars. Donc ses résultats, ou au moins ses déclarations, devaient prendre en considération certaine les souhaits de 14 Mars et ceux qui observent dans le silence et l'espoir un retournement de position en faveur du Liban.

Saad Hariri devait dire qu'il a porté en venant dans son coeur, et dans ses discussions avec le Président Assad, les soucis, les craintes et les espoirs des gens de 14 Mars... ceux qui ont été meurtris par les peines causées par les anomalies dans les relations syro-libanaises qu'il est venu normaliser pour que ces peines cessent et ne se répètent plus.

Il fallait qu'il dise qu'il n'est pas venu pour oublier les blessures, mais qu'il est plutôt venu en parler pour leur trouver apaisement dans le balsam d'une relation saine qui se base sur la vérité, sur la franchise et aussi sur la volonté bilatérale de comprendre les soucis des deux nations voisines.

Saad Hariri devait dire tout haut des choses simples et vraies qui ne blessaient nullement son hôte, mais qui lui faisait comprendre qu'on ne peut pas résoudre un problème entre deux pays, entre deux régimes, par la langue de bois ni en omettant de penser et de parler des hantises et des préoccupations majeures des deux peuples.

Il fallait souligner et mettre en relief le problème, saluer l'âme de son Papa assassiné, et dire qu'il a aimé la Syrie comme son pays et la Famille Assad comme sa Famille, et prier pour que la vérité soit connue et espérer de tout son coeur qu'elle ne soit nullement contraire à ce qu'il est venu rétablir aujourd'hui à Damas.

Saad Harii a eu tort de parler d'Economie et d'Agriculture... la tête des gens et leurs espoirs face à cette visite historique n'étaient nullement dans l'Economie ni dans l'Agriculture...il devait nous économiser cette logorrhée de paroles insignifiantes et mal placées pour parler dans le vif du sujet, dans le vrai, dans ce qui touchait à la dignité des gens de son pays, ceux qui ont payé de leur chair, de leur sang, de leur vie pour que vive le Liban.

Les prisonniers politiques dans les geôles syriennes, ceux qui souffrent le calvaire insupportable, la souffrance morale de leurs parents, tous ceux qui se battent pour eux depuis des années, attendaient un mot, avaient besoin qu'on leur dise une phrase qui prend en considération leur peine, et le mot à dire n'était pas difficile à prononcer. Saad Hariri avait le moyen de le faire, et il ne l'a pas fait.

Non, la visite n'était pas pour parler des Fermes de Chebaa, ni des monticules de Kfarchouba ni du mensonge de Ghajar, ni de la frontière non dessinée, il y avait une frontière plus importante à dessiner celle qui sépare la Liberté de l'Expression et la Dignité de la langue de bois et du compromis...

S'ouvrir à Damas était une chose, si pas souhaitée, mais du moins acceptable... Tous ceux de 14 Mars ont fait semblant d'approuver pour rester digne derrière le Fils... pour lui montrer combien on lui faisait confiance... Combien il était dépositaire de la dignité de tout un mouvement, celui du "Cèdre", dans tout le symbolisme de ces places qui se remplissaient du souffle d'un peuple qui a voulu dire NON.

Aujourd'hui, Saad Hariri a voulu y aller seul... et seul il a parlé sans trop nous faire entendre ce à quoi on avait droit de nous attendre...

Saad Hariri est revenu ce soir à Beyrouth... tout près du mausolée de Rafic Hariri, son feu Papa, seul il se recueillera, là où il ne peut qu'être transparent et dire vrai...

L'important reste à ce qu'il puisse dire à son Papa un mot... celui qui console sans décevoir ni l'Homme, ni les Camarades ...Ces Héros et Compagnons du chemin de la Liberté et celui du Martyr.

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